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Le blog de Bruno LACHNITT

5ème dimanche de Carême, Jn 11, 1-45

7 Mars 2008 , Rédigé par Bruno LACHNITT Publié dans #Homélies

Nous sommes en carême, c’est-à-dire que nous marchons vers Pâques. Les catéchumènes, ceux qui se préparent au baptême pour la nuit de Pâques, vont confesser leur Foi, et nous-mêmes qui sommes déjà baptisés allons en cette nuit renouveler notre profession de Foi. Et la liturgie, de dimanche en dimanche, nous conduit vers ce moment en renouvelant le regard que nous posons sur le Christ. Avec les samaritains, il y a quinze jours, nous l’avons reconnu « Sauveur du monde » ; avec l’aveugle né, dimanche dernier, nous l’appelions « Fils de l’Homme » ; à quel nouveau pas dans la Foi nous invite le texte d’aujourd’hui ?
Nous sommes d’abord touchés, à la lecture de cet évangile, par l’humanité de Jésus. Cette humanité se manifeste dans l’amitié dont témoigne ce récit : « Celui que tu aimes est malade ! » Qui d’entre nous n’a pas un jour entendu ces mots, ne se reconnaît pas dans cette vulnérabilité de l’homme Jésus touché dans ce qu’il a de plus cher ? Le récit souligne qu’il reste cependant deux jours encore avant de se mettre en route, mais chacun aura noté que lorsqu’il arrive, Lazare est au tombeau depuis quatre jours déjà. Nous pouvons aussi nous retrouver dans les propos de Marthe puis de Marie : « Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ! » Ne disons-nous pas souvent la même chose : « Si Dieu existait, cela n’arriverait pas ! ». Nous sommes confrontés à la souffrance, à la mort, au mal et nous doutons. Pourtant la remarque de Marthe et de Marie résonne plus du côté de la Foi que du doute. C’est un premier indice à noter.
Et puis Jésus pleure. Arrivé devant le tombeau, il est « bouleversé d’une émotion profonde ». Et nous-mêmes sommes touchés de cette vulnérabilité du Christ, qui rejoint tellement notre propre humanité. Se laisser toucher par l’autre : n’y a-t-il pas là le meilleur de notre humanité, un fondement de la solidarité. Je fais l’expérience de n’être pas seul au monde, de découvrir des êtres dont je me sens proche, si proche que je suis affecté en moi-même de ce qui leur arrive. Ce que je vois Jésus vivre dans ce récit rejoint mon expérience, et me révèle quelque chose de précieux en moi, quelque chose à cultiver, dont je dois prendre soin : cette capacité à me laisser toucher par l’autre.
Mais cet évangile nous invite aussi à aller au-delà de ce qui rejoint notre humanité dans l’attitude de Jésus dans cette scène. Je le rappelais tout à l’heure : nous marchons vers Pâques, et nous allons renouveler les promesses de notre baptême, les prononcer pour la première fois pour certains d’entre nous. Et dans ce passage le mot croire est répété huit fois. « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez » dit Jésus aux disciples. Puis à Marthe qui exprime sa foi en la résurrection « au dernier jour », il répond : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? ». Et Marthe répond : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » A nouveau à Marthe, lorsqu’il demande d’enlever la pierre qui ferme le tombeau et qu’elle objecte que Lazare sent déjà, il répond : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » Puis levant les yeux au ciel et s’adressant au Père : « Je savais bien, moi, que tu m’exauces toujours, mais si j’ai parlé, c’est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. » Enfin le texte se termine sur ce constat : « Les nombreux juifs, qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui ».
Nous sommes donc invités à croire, au-delà de l’humanité de Jésus qui nous rejoint, qui se laisse toucher ; à croire qu’il est la résurrection et la vie. Et c’est le signe de Lazare revenu à la vie, c’est le signe de la vision d’Ezéchiel : l’esprit de Dieu est puissance de vie, Jésus est la vie parce qu’il est l’envoyé du Père, source de la vie.
Et ce signe vient une semaine avant la semaine sainte, l’entrée dans la passion où Jésus marche vers la mort. Thomas d’ailleurs dans le récit ne s’y trompe pas lorsque Jésus décide de revenir en Judée : « Allons-y nous aussi pour mourir avec lui ». Monter vers Jérusalem, c’est aller vers ce rendez-vous avec ceux qui ont décidé de le faire périr. Juste après le texte que nous venons d’entendre, Jean nous dit d’ailleurs que les pharisiens et les chefs des prêtres, face à ce signe qu’il vient de faire, décident le faire mourir. Et Lazare qui est revenu à la vie mourra, et Jésus qui dit : « Je suis la résurrection et la vie » sait qu’il avance vers sa mort. Qu’est-ce donc que nous devons entendre lorsqu’il dit : « celui qui croit en moi ne mourra jamais ? » Nous savons bien que d’être baptisés ne nous fait pas échapper à l’expérience de la mort.
Alors voilà : nous sommes invités à quelques jours de l’entrée dans la semaine sainte, dans notre marche vers Pâques, à nous interroger sur notre Foi. Qui est pour nous Jésus ? Un homme extraordinaire ou l’envoyé du Père, la résurrection et la vie ? Et quelle est cette vie plus forte que la mort à laquelle ouvre la Foi ?
Peut-être pouvons-nous revenir à ce que nous soulignions tout à l’heure : prendre soin de cette capacité à se laisser toucher par l’autre, celui qui est malade, délaissé, démuni. Car cultiver cette vulnérabilité à l’autre, la prendre au sérieux, nous conduit à mesurer que la vraie vie n’est peut être pas là où je croyais, elle n’est pas dans la performance, ni dans le paraître, ni dans la richesse matérielle ou le confort. La Vie est un don que je reçois, pas quelque chose que je conquiers par moi-même, et je peux recevoir ce don si je consens à être vulnérable, à me laisser toucher, à l’image du Christ. Quelle est cette vie plus forte que la mort que nous sommes invités à reconnaître en Jésus, envoyé du Père ? C’est le chemin qui nous reste à parcourir dans les jours à venir en accompagnant le Christ dans sa marche vers Pâques : c’est la vie donnée par amour qui est plus forte que la mort. Nous sommes invités à grandir dans la Foi, à nourrir notre Foi, à entrer dans ce mouvement de la vie donnée.
 
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