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Le blog de Bruno LACHNITT

Intervention à la paroisse St Augustin le 12 octobre 2008

Je ne sais si j’ai quelque légitimité à me trouver devant vous aujourd’hui, mais pour que vous puissiez en juger, il convient que je me présente un peu. Mon engagement dans l’univers de la lutte contre la pauvreté ou l’exclusion a commencé en 1979 avec ATD Quart-Monde. J’étais alors séminariste et j’ai été entraîné par un autre séminariste à la mutualité à Paris, aux 20 ans d’ATD. J’ai découvert le Père Joseph Wresinski et cette intuition forte du refus de l’assistance et du combat contre la misère avec et à partir de ceux qui la vivaient. Je ne connaissais pas alors paradoxalement le Secours Catholique, qui sortait à peine, péniblement, de sa phase « épicière » et était encore fortement ancré dans l’assistance. Je suis alors entré dans le volontariat à ATD.

En 1984 je suis arrivé à Lyon, au noviciat de la Compagnie de Jésus. La Compagnie dans laquelle j’entrais était celle qui peu de temps auparavant avait affirmé avec force lors de sa 32° congrégation générale, le lien entre service de la Foi et promotion de la justice. Cette même année 1984, la Délégation du Secours Catholique du Rhône s’installait rue de Montbrillant. Le Secours Catholique était encore pour moi cet endroit où mon père apportait les vêtements qu’il ne mettait plus. Mais en 1986, les orientations de la nouvelle décennie commençaient à parler d’association avec les pauvres. Pendant ma théologie à Paris, j’ai préparé un CAP d’ajusteur, orienté vers la mission ouvrière. La dernière année de ma licence, j’ai partagé un appartement avec des SDF et l’année suivante, je suis parti à l’usine, chez Peugeot où je suis resté quatre ans. Puis je me suis marié après avoir quitté les jésuites puis l’usine et j’ai pris la direction d’une entreprise d’insertion. A ce moment là, la Délégation du Rhône définissait son projet de Délégation, qui annonçait les axes de la nouvelle décennie proclamés en 1996 : association avec les pauvres, agir pour la transformation sociale et la justice à partir de la parole des pauvres, vivre la fraternité en Eglise. Le Secours Catholique commençait à ressembler à ce qui m’animait depuis vingt ans. C’est fin 2000 que le hasard d’une annonce m’a conduit à rejoindre cette vénérable institution, à découvrir la personnalité de son fondateur, Jean RODHAIN, et à prendre la mesure de la complexité du passage à une telle échelle, d’une pratique assistancielle à un projet d’association. Un immense défi que nous n’avons pas fini de relever. Ce chemin au Secours Catholique m’a conduit à entendre un appel de l’Eglise au diaconat permanent, et à être ordonné il y a deux ans pour le diocèse de Lyon. Une heureuse synthèse en quelque sorte de cet itinéraire peut-être sinueux mais que je considère comme une chance.

Je suis censé contribuer aujourd’hui à votre réflexion sur un engagement en paroisse dans un service de l’ordre de la charité ou de ce qu’en Eglise on appelle aussi la diaconie. En paroisse, c’est-à-dire pas tout seul, pas en son nom propre, à son compte. « L’amour du prochain, enraciné dans l’amour de Dieu, est avant tout une tâche pour chaque fidèle, mais il est aussi une tâche pour la communauté ecclésiale entière, et cela à tous les niveaux: de la communauté locale à l’Église particulière jusqu’à l’Église universelle dans son ensemble » écrit Benoît XVI dans Deus Caritas est. Il s’agit donc d’une action collective au service d’autrui. Je sais que plusieurs d’entre vous sont engagés et pas seulement au Secours Catholique : au C.C.F.D, avec les sans-abris à la rencontre, avec la conférence St Vincent de Paul, au Secours Populaire, au restaus du cœur avec les petites sœurs des pauvres, j’en oublie peut-être. Vous pourriez d’ailleurs chacune et chacun vous demander si vous sauriez citer trois noms de personnes engagées dans ces lieux (pas le même que vous évidemment !). Je sais que vous avez déjà eu des occasions sur la paroisse de vous rencontrer,  d’échanger, de faire quelque chose ensemble entre chrétiens engagés dans la solidarité. C’est déjà bien. Je ne suis pas sûr de pouvoir en dire autant de ma paroisse.

Mais il s’agit maintenant d’autre chose, de donner à voir collectivement le visage de la charité d’un collectif identifié comme Eglise. Je n’emploie volontairement pas trop vite le terme de « communauté » parce-que j’ai toujours peur d’aseptiser les mots à trop les utiliser et je reviendrai tout à l’heure sur celui-ci. Je me contente pour l’instant de ce qualificatif de « collectif », parce qu’après tout « ecclésia » signifie « assemblée ». Il s’agit bien de quelque chose d’ordre collectif, tant il est vrai qu’on n’est pas chrétien tout seul. Mais quel est le contour de cet ensemble ? Est-ce qu’une paroisse est seulement le rassemblement de ceux qui, convoqués par un autre, célèbrent chaque dimanche l’eucharistie ? Vu de dehors, du quartier, de non-pratiquants, ce peut être cela. Encore convient-il de préciser que le « convoqués par un autre » n’est probablement pas lisible de dehors. Mais nous savons qu’un rassemblement d’Eglise n’est pas une association réunie de sa propre initiative et c’est ce que « signifie » en son sein le ministère ordonné : l’Eglise est constituée en réponse à un appel. Celui qui la convoque est Celui qui la fonde, de qui elle se reçoit et vers lequel elle est offerte et avec elle le monde où elle s’inscrit.

Mais suffit-il d’être rassemblé chaque dimanche avec un ministre ordonné autour de la table eucharistique pour faire Eglise ? « Une Eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée. » Ce n’est pas moi qui le dis, mais Benoît XVI dans Deux caritas est. On n’est pas chrétien tout seul, mais même à plusieurs, on n’est pas chrétiens sans les autres. L’autre manque toujours au disciple du Christ et l’autre est par définition dehors, ailleurs.

Lorsque je partageais la vie de sans-domicile-fixe, j’ai travaillé l’évangile de Luc avec comme fil rouge : « manger et boire avec les publicains et les pêcheurs » ce qui est une catégorie de lecture pertinente d’un point de vue exégétique. Et l’on voit au fil de la lecture combien « manger et boire » avec ceux qui structurellement occupent la place d’exclus est constitutif d’un rassemblement qui prétend au titre d’Eglise. Ce que nous célébrons autour de la table eucharistique nous renvoie toujours dehors, en quête de cet autre qui manque. J’aime ce qu’exprime Michel de Certeau dans « la fable mystique » sur ce « tu me manques » qui porte vers celui sans lequel mon humanité ne peut être pleine. Ce mouvement qui me porte à rejoindre celui qui m’est le plus lointain et dont j’éprouve qu’il me manque, est le même dans lequel je cherche Dieu. Le prochain, celui dont la parabole du « Bon samaritain » m’invite à me faire le prochain, est toujours au-delà de celui que j’ai rejoint, m’attend toujours ailleurs. Il y a quelque chose de mystique dans cette quête qui résonne du côté du cantique des cantiques auquel renvoie Benoît XVI dans la première partie de Deus CARITAS est. C’est vrai pour chacun de nous, tant il est vrai que comme dit St Jean : « celui qui dit qu’il aime Dieu qu’il ne voit pas et qui n’aime pas son frère qu’il voit, est un menteur » et à ce compte nous sommes tous des menteurs, et souvent nous ne voyons même pas ces frères qui sont là sous nos yeux.

Mais la lecture de Luc que je suggère indique plus que quelque chose d’individuel. Manger et boire avec ceux qui structurellement occupent la place d’exclus, est constitutif d’un rassemblement qui prétend au titre d’Eglise. C’est donc l’assemblée elle-même en tant que communauté ecclésiale qui puise son identité dans ce partage. Le partage avec le plus pauvre n’est pas seulement l’application, la mise en œuvre des recommandations entendues à l’église d’aimer son prochain, le partage construit la communauté comme Eglise. Celui qu’on célèbre dedans nous attend dehors. St Jean Chrysostome disait « Veux-tu honorer le corps du Christ ? Ne le méprise pas quand il est nu ; après l’avoir honoré ici avec des vêtements de soie, ne le méprise pas dehors alors qu’il souffre du froid et de la nudité. Celui qui a dit : Ceci est mon corps, et à sa parole a garanti le fait, c’est lui qui a dit : Vous m’avez vu avoir faim et vous ne m’avez pas nourri, et : Ce que vous n’avez pas fait pour l’un de ces petits, pour moi non plus, vous ne l’avez pas fait (Mt 25, 42-45). Tout en décorant la maison [de Dieu], ne méprise donc pas ton frère dans la détresse, car il est lui-même un temple plus précieux qu’elle. »

Jean est le seul évangéliste qui ignore le récit de l’institution de l’eucharistie et paradoxalement c’est celui qui est retenu par la liturgie du jeudi saint qui célèbre  le dernier repas, la veille de la mort de Jésus. Chez Jean le récit qui remplace celui de l’institution est le lavement des pieds (chapitre 13). Il y a donc un lien théologique entre l’eucharistie et le service. Comment pourrait-il en être autrement dès lors que le Christ comme le dit l’hymne aux Philippiens a pris la condition de serviteur et que c’est ce mouvement même qui le conduit à se donner en nourriture ? Les paroles même de l’institution mettent en évidence le lien entre « ceci est mon corps » et « livré pour vous », l’un n’ayant de sens que par rapport à l’autre. Le Christ se dépouillant de sa divinité épouse notre condition d’homme et ce faisant reste Dieu, et tout autant lorsqu’il se fait nourriture. Dieu seul peut consentir à ce degré de mort et rester lui-même, et rien de mieux que cette mort ne peut révéler le visage de Dieu. Dieu ne peut se révéler comme « Celui qui suis » que livré, c’est l’acte même d’être livré qui le révèle comme Dieu. L’Eglise vit de l’eucharistie de même qu’elle est née du côté transpercé, elle vit de l’eucharistie parce que comme corps mystique elle naît du corps livré. Il s’ensuit qu’en célébrant l’Eucharistie, c’est-à-dire en faisant « mémoire » de leur Maître, les chrétiens découvrent continuellement leur identité. Le serviteur n’est pas plus grand que son maître (Jn 13,16). On peut ainsi lire la finale de la parabole du festin nuptial en Matthieu 22, finale propre à Matthieu concernant un invité qui n’a pas la tenue de noces. Il se pourrait bien que la tenue de noces soit celle dont l’époux se ceint au cours du dernier repas (Jn 13, 4), c’est-à-dire finalement la tenue de service.

J’en viens maintenant à la « communauté ». Quand Paul s’adresse aux Corinthiens, au chapitre 11 de sa première lettre, il leur écrit : « 20Mais quand vous vous réunissez en commun, ce n'est pas le repas du Seigneur que vous prenez. 21Car, au moment de manger, chacun se hâte de prendre son propre repas, en sorte que l'un a faim, tandis que l'autre est ivre. 22N'avez-vous donc pas de maisons pour manger et pour boire ? Ou bien méprisez-vous l'Eglise de Dieu et voulez-vous faire affront à ceux qui n'ont rien ? ». Et cette description ne ressemble-t-elle pas trop souvent à nos propres assemblées, où après avoir communié ensemble, chacun rentre chez soi, les différences sociales inchangées, quand parfois même elles sont difficilement dépassées pour se rencontrer au-delà du cercle de l’entre-soi.

Puis vient ce passage bien connu du récit de l’institution tel que Paul l’a lui-même reçu. Puis le chapitre suivant traite de l’articulation au sein du corps des différents dons de l’Esprit qui aboutit comme un point culminant à l’hymne à la Charité du chapitre 13. Et pour bien comprendre ce qui est dit dans ce chapitre 11,  il ne faut pas oublier l’adresse du chapitre 1 : « 26Considérez, frères, qui vous êtes, vous qui avez reçu l'appel de Dieu : il n'y a parmi vous ni beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens de bonne famille. 27Mais ce qui est folie dans le monde, Dieu l'a choisi pour confondre les sages ; ce qui est faible dans le monde, Dieu l'a choisi pour confondre ce qui est fort ; 28ce qui dans le monde est vil et méprisé, ce qui n'est pas, Dieu l'a choisi pour réduire à rien ce qui est, 29afin qu'aucune créature ne puisse s'enorgueillir devant Dieu. » Ainsi, faire communauté autour de l’eucharistie en Eglise repose sur un trépied : le partage, la place du plus méprisé, l’ouverture sur l’extérieur (la Charité). Mais pour qu’il s’agisse bien d’une communauté qui rayonne l’Amour de Dieu, nous ne pouvons faire l’économie des deux premiers points : comment se vit le partage au sein même de la communauté ? « L’élément de la «communion», écrit encore Benoît XVI consiste précisément dans le fait que les croyants ont tout en commun et qu’entre eux la différence entre riches et pauvres n’existe plus. » On voit bien que nous en sommes loin dans nos communautés. Et même si le mythe de la première communauté décrite dans les Actes des apôtres reste un horizon, par définition toujours hors de portée, Benoît XVI insiste cependant sur l’exigence qu’ « à l’intérieur de la communauté des croyants il ne doit pas exister une forme de pauvreté telle que soient refusés à certains les biens nécessaires à une vie digne ». Quelle place y trouve ce qui est folie dans le monde, ce qui est faible dans le monde, ce qui dans le monde est vil et méprisé ? Avant que les chrétiens ensemble se penchent sur les pauvres, quelle place des pauvres dans l’Eglise ?

Enfin, si l’on considère la communauté comme témoin de la Charité, c’est-à-dire, vue de l’extérieur, comme une entité collective identifiée d’Eglise, qui donne à voir quelque chose de l’ordre du service, il n’est pas indifférent de considérer dans quel paysage s’inscrit ce qui se donne à voir ainsi, au milieu de quels autres collectifs. Il ne s’agit pas, me semble-t-il de trouver quelques pauvres à secourir ensemble, mais aussi de penser globalement dans un contexte politique et social, l’inscription de ce geste communautaire qui se veut aussi signifiant pour d’autres, pas seulement individuels, mais d’autres « institutions ». Une communauté d’Eglise, dans un quartier, est un partenaire au milieu d’autres partenaires : centre social, mairie, associations, … Comment penser aussi cette implication dans un cadre collectif vis-à-vis d’autres collectifs, que cette communauté d’Eglise soit identifiée comme un partenaire qui fait signe du côté du service, que l’on peut solliciter et reconnaître comme crédible dans des affaires qui ont à voir avec le service. Alors me semble-t-il le regard d’autres structures sur ce collectif d’Eglise sortira d’une définition trop cultuelle (des gens qui se rassemblent tous les dimanches pour la messe) et la résonnance du côté du service donnera à voir d’un autre œil ce qui se joue du côté du culte. Permettez moi de citer encore Benoît XVI dans Deus Caritas est : « Ici, l’opposition habituelle entre culte et éthique tombe tout simplement. Dans le «culte» lui-même, dans la communion eucharistique, sont contenus le fait d’être aimé et celui d’aimer les autres à son tour. »

Donner cela à pressentir, n’est-ce pas aussi l’enjeu d’un tel projet ?

Le Secours Catholique vient de réaliser une enquête auprès de tous les curés de paroisse sur leur perception de la pauvreté et de la réalité sociale sur leur territoire. J’ignore si certains ont réuni avant de répondre les chrétiens engagés sur leur paroisse dans la solidarité, mais je sais que le résultat global est tout à fait intéressant. Or quand je parle d’inscrire cette geste de la communauté au service des plus fragiles, des plus vulnérables dans un paysage partenarial et/ou institutionnel, il s’agit bien de faire avec d’autres une analyse du territoire, un repérage des besoins non couverts. Le CCAS est censé chaque année produire une analyse des besoins sociaux. Il ne me semble pas stupide que dans ce cadre, la communauté chrétienne soit identifiée comme un partenaire qui a compétence pour apporter son regard. Le paysage global qui ressort des réponses des curés atteste cette compétence et il est probable qu’elle serait encore plus acérée si chaque communauté faisait collectivement ce travail. Je ne vais pas ici le faire pour vous sur le quartier qui est le vôtre. Mais de la place qui est la mienne, que vois-je aujourd’hui comme défis pour les croyants dans cette diaconie qui constitue l’Eglise ?

L’Eglise a d’abord traditionnellement une attention particulière aux lieux d’enfermement car ils sont la face cachée d’une société, souvent le reflet de son incapacité à intégrer, à accueillir, à partager. 35 % de la population pénale selon l’administration pénitentiaire elle-même est indigente. La psychiatrie, les hospices, les hôpitaux,… sont autant de lieux où la présence de la communauté croyante est essentielle dans notre société marquée par le jeunisme et le culte de l’apparence ; le handicap quand un certain eugénisme est devenu une règle tranquillement camouflée ; les migrants quand la peur de l’autre prend le pas sur le goût de la rencontre et de la différence, y compris parfois dans nos propres communautés. « Ce qui est faible dans le monde, ce qui dans le monde est vil et méprisé » écrivait St Paul. Cela ne doit-il pas rester pour nous un repère ? Derrière le fantasme d’un monde « propre » d’où auraient été éradiqués la misère, le handicap, … quelle peur de la différence de l’autre se cache sans s’avouer. La première question n’est-elle pas d’interroger la place faite au pauvre, à l’étranger, au handicapé, à celui qui nous incommode par ce qu’il est, parce qu’il nous renvoie une image qui dérange nos certitudes et appelle à nous déplacer.

Pour travailler à ce que dans la société, les personnes aient leur juste place, il ne suffit donc pas de faire ou de lire des déclarations, il ne suffit pas d'améliorer les structures sociales, même si cela est terriblement nécessaire, encore moins de «faire la charité», il faut d’abord mettre en œuvre dans nos propres relations personnelles ce qui est juste et ce qui rend compte de la nature de chaque personne. Il faut dans notre propre environnement, dans nos relations faire une place à celui qui dérange. Il y a de la difficulté dans la relation à celui dont la différence nous agresse, nous excède, nous heurte. Mais il y a des rugosités salutaires pour échapper à l’enfermement. Quiconque a appris à reconnaître dans celui qui lui est le plus étranger la même chair qui le constitue, sait un peu mieux qui il est. Rien de ce qui me sépare de l’autre n’est essentiel, cela seul qui nous est commun mérite d’être cultivé et le reste d’y être ordonné.

Nous sommes aussi solidaires de ce monde où nous nous inscrivons et nous avons aussi à convertir nos propres attirances ou aversions pour nous rendre solidaires de ceux au rejet desquels nous contribuons aussi, sinon individuellement, du moins collectivement, par les choix que nous cautionnons chaque fois que nous privilégions nos propres intérêts plutôt que celui des plus pauvres.

Pour conclure je dirais que l’Eglise que nous formons est toujours en quête de son époux au-delà des limites de nos relations et que ce lien recherché est constitutif de la communauté comme Eglise. Permettez-moi de citer une dernière fois Benoît XVI : « La nature profonde de l’Église s’exprime dans une triple tâche: annonce de la Parole de Dieu, célébration des Sacrements, service de la charité. Ce sont trois tâches qui s’appellent l’une l’autre et qui ne peuvent être séparées l’une de l’autre. La charité n’est pas pour l’Église une sorte d’activité d’assistance sociale qu’on pourrait aussi laisser à d’autres, mais elle appartient à sa nature, elle est une expression de son essence elle-même, à laquelle elle ne peut renoncer. »

Bruno LACHNITT, 12/10/08

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