Année C, 18ème dimanche ordinaire : Luc 12, 13-21

Amasser pour soi-même ou être riche en vue de Dieu, telle est l’alternative proposée dans l’évangile aujourd’hui. Mais qu’est-ce donc qu’être riche en vue de Dieu ?

Nous sommes souvent pris en flagrant délit de faire des plans sur la comète comme l’homme de notre parabole, comme si nous avions oublié notre fragilité, comme si notre volonté de tout maîtriser nous donnait l’illusion d’être maîtres de ce qui ne nous appartient pas.

Amasser pour soi-même, prétendre posséder ce qui comble le vide de nos vies quand notre vie elle-même n’est pas orientée comme elle le devrait. « Qui donc, dit un peu plus loin Jésus, peut par son souci ajouter une seule coudée à sa vie[1] ? » La conclusion est simple : « cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît ». Orienter notre vie, c’est d’abord la recevoir instant après instant de Celui qui nous la donne, Le mettre au centre, et ouvrir les mains pour donner ce que nous recevons. Être Fils c’est ne rien retenir de ce qui est donné. C’est ce que nous voyons Jésus vivre à chaque page de l’évangile. Mais qu’est-ce qu’être riche en vue de Dieu ?

L’abbé Pierre disait que celui qui n’est pas capable de donner ce qu’il possède, celui-là ne possède pas, c’est lui qui est possédé. Et Saint-Vincent-de-Paul disait aux riches de son temps : quand vous faites l’aumône vous ne faites que rendre aux pauvres ce qui leur appartient. Je crains fort qu’être riche en vue de Dieu, matériellement parlant, ce ne soit pas rester riche longtemps. Mais c’est peut-être d’abord comprendre que c’est de tout autre chose que de biens matériels que nous sommes riches. Ce renversement est central dans l’évangile. Nous sommes souvent prêts à beaucoup de mauvaises actions, de cécité, d’aveuglement sur la misère du monde pour nous enrichir en toute bonne conscience. Mais quel est le trésor pour lequel nous serions prêts à tout donner ? C’est quand nous l’aurons découvert que nous serons enfin riches en vue de Dieu.

 

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[1] Luc 12, 25