Année A 6ème Pâques

Nous lisions dimanche dernier l’institution avec six autres de Philippe comme diacre, car, disaient les Douze, « il n’est pas normal que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. » Deux chapitres plus loin, nous retrouvons Philippe en train d’éveiller les samaritains à la Foi, serviteur de la Parole, comme si l’Esprit peinait à s’inscrire dans nos cases. Alors Pierre et Jean viennent imposer les mains à ceux que Philippe a baptisés pour qu’ils reçoivent l’Esprit Saint, comme vont le vivre tant de jeunes confirmés par l’évêque à la Pentecôte. Être confirmé, c'est selon la parole de Pierre en seconde lecture, se tenir toujours prêts à « rendre raison de l’espérance qui est en [nous] », cette espérance qui a à voir avec l’affirmation : « Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu. » La phrase précédente m’interpelle : « il vaudrait mieux souffrir pour avoir fait le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt que pour avoir fait le mal ». On peut certes juger que c'est pour avoir fait le mal que souffrent ceux que je rencontre comme aumônier en prison. Les innombrables souffrances générées par le bien que nous n'avons pas le courage de faire nous autorisent elles à juger qui « mérite » ou pas de souffrir ? L’espérance qui est en nous ne peut faire l’économie d’un détour par l’autre parce que – nous l’entendions dimanche dernier – le visage de Dieu révélé en Jésus-Christ est celui de l’amour jusqu’à l’extrême. Et nous aurons beaucoup de mal à comprendre quelle espérance c’est pour nous que Christ soit mort pour les coupables si nous nous croyons innocents.

Jésus nous promet un « défenseur », l’Esprit de vérité que, ressuscité, il donne à ses disciples en répandant sur eux son souffle et qui les fait sortir témoigner de leur espérance. L’espérance reçue n'est pas pour notre confort moral, elle est pour les périphéries de ce monde où nous sommes appelés à faire signe.