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Le blog de Bruno LACHNITT

Daniel 12, 1-3 ; Psaume : 15, 5.8, 9-10, 1b.11 ; Hébreux 10, 11-14.18 ; Marc 13, 24-32

18 Novembre 2012 , Rédigé par Bruno LACHNITT Publié dans #Homélies

Les textes que nous propose la liturgie aujourd’hui sont particulièrement abrupts. L’évangile de Marc est daté de la fin des années 60, probablement après la persécution des premiers chrétiens par Néron qui les accusa de l’incendie de Rome en 64. Ils pouvaient légitimement croire que ces temps tourmentées étaient les derniers : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive dit ce passage du chapitre 13 que nous venons d’entendre ! Et un peu avant ces lignes comme dans le texte de Daniel entendu en première lecture, on peut lire : « en ces jours-là il y aura une détresse comme il n'y en a jamais eu depuis le commencement ». Beaucoup de générations sont passées depuis qui tour à tour ont pensé vivre « un temps de détresse tel qu’il n’y en avait jamais eu ». Et aujourd’hui encore combien dans le monde sont en droit de penser légitimement la même chose ? La liste serait longue s’il fallait citer tous les lieux où la détresse dépasse l’entendement.

Le registre de la fin du monde est particulièrement à la mode puisque certains sur Internet l’annoncent pour le 21 décembre 2012. Jésus nous dit ici que « nul ne connait ni le jour ni l’heure », pas même lui. Cependant, une grande nouveauté de notre siècle est que si nous avons déjoué par le progrès beaucoup de catastrophes qui pouvaient menacer l’humanité, nous sommes devenus capables de devenir collectivement les artisans de notre propre fin. En cette journée nationale du Secours Catholique, je vous invite à considérer un instant les menaces nombreuses  qui pèsent sur notre monde. Il a fallu des centaines de milliers d’années depuis les origines de l’homme jusqu’au début du 19ème siècle pour arriver à un milliards d’êtres humains sur terre. Entre 1800 et 1950 l’humanité est passée de 1 à 2,5 milliards, puis à près de 6 milliards et demi en 2005 et les on prévoit 9 milliards en 2050. Notre mode de croissance met en péril notre fragile planète et notre mode de vie est insoutenable si 7 voire 9 milliards d’habitants devaient le partager. Les ressources devenues rares et la main d’œuvre trop abondante, majoritairement dans les pays en développement, permettent progressivement aux peuples du Sud de sortir de la pauvreté grâce à une croissance rapide et soutenue. Mais l’impact sur l’environnement est le même que celui que nous avons produit pour arriver à ce niveau de vie que le reste du monde nous envie et veut légitimement partager. Faute de traiter à l’échelle mondiale les défis environnementaux et sociaux, nous nous promettons de lendemains qui pourraient bien avoir des allures de catastrophe.

J’entends pourtant ce que disait Jean-Marie PETITCLERC, prêtre et éducateur, lors de notre journée diocésaine du 14 octobre : on n’ouvre pas un avenir à notre jeunesse en leur disant : « Hier c’était mieux et demain, c’est la catastrophe ! ». Car aucune catastrophe n’est inéluctable, mais un formidable défi est devant nous que nous devons relever ensemble.

Dans un entretien donné ces jours-ci à l’hebdomadaire La Vie, le Président du Secours Catholique, François SOULAGE, dit que l’alternative qui s’offre à nous est simple : soit une logique de guerre, soit une culture de coopération. Estimer avoir droit à ce à quoi tous ne peuvent prétendre, c’est seulement défendre un privilège contre les autres. La défense d’un mode de vie qui ne peut pas être partagé par tous conduit inexorablement à la guerre. Nos rêves de consommation sont interrogés comme nos évêques nous y invitaient il y a déjà trente ans à travers une exhortation « pour de nouveaux mode de vie ».

Un peu avant le passage que nous venons d’entendre, le texte de Marc dit aussi « c'est le début des douleurs de l'enfantement ». La pointe de l’annonce est donc la venue du Christ, dont la détresse n’est qu’un signe : « … alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées avec puissance et grande gloire ». A chaque eucharistie lors de l’anamnèse, nous proclamons attendre sa venue dans la gloire. Ces textes nous invitent à nous tourner avec confiance vers Celui qui vient de l’avenir à notre rencontre. La perspective de la fin des temps éclaire notre présent si nous ne sommes pas dans l’angoisse de la fin mais présents dans l’attente. Nous sommes appelés à être comme les sages-femmes d’un monde en enfantement.

Le passage de l’épître aux Hébreux se terminait par une bonne nouvelle : « quand le pardon est accordé, on n’offre plus le sacrifice pour les péchés ». Ce monde est sauvé, quelles que soient les convulsions qui le secouent. Et de cela nous sommes appelés à être les témoins, au cœur de ce monde par notre façon d’y être présents.

Présent en français, cela désigne aussi un cadeau. Etre présent, c’est être offert. Nous sommes invités à être présents à ce monde travaillé par les douleurs de l’enfantement en entrant dans cette dynamique du don où nous entraîne l’eucharistie. Il n’y a pas de don plus grand que celui du Christ pour nous. En communiant à son corps et à son sang, puissions-nous entrer un peu plus dans le mouvement de ce don qui libère.

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