Evangile 4ème Pâques année C

Nous jugeons souvent peu flatteur d’être comparés à des moutons ! Dans un pays d’éleveurs comme la Palestine, le troupeau, c’était toute la richesse. L’évangile dit que rassemblés à son appel, nous sommes la richesse de Dieu ! Non plus errants ou égarés mais rassemblés par une voix en laquelle on peut avoir confiance. Suivre le bon guide dans le brouillard ou passer par la porte pour se protéger dans l’enclos la nuit quand menacent les bêtes sauvages, pour les brebis, c’est question de vie ou de mort. Pour nous, suivre le Christ est-ce une question de vie ou de mort ? De son point de vue, il semblerait que oui, à entendre l’évangile de ce dimanche, puisqu’il s’agit de ne pouvoir être arrachés de sa main et de la main du Père, rien de moins ! L’affirmation comme quoi le Père et lui sont UN, on peut certes l’entendre à travers le filtre de plusieurs siècles de construction théologique que l’auteur du quatrième évangile n’avait pas en tête. Ecoutons la plutôt à la lumière de ce que lui-même écrit dans les chapitres précédents : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (Jn 4, 34), « le Fils ne peut rien faire de lui-même qu'il ne le voie faire au Père » (5, 19). C’est cette unité-là qui fait l’identité du bon pasteur, sur laquelle repose la confiance des brebis qui écoutent sa voix parce que c’est cette unité-là qui fonde cette évidence que personne ne peut les arracher de sa main parce que dans sa main, elles sont dans la main du Père. Revendiquer le titre de pasteur peut alors être dangereux si le même ancrage n’est pas évident et qui peut raisonnablement y prétendre ? Dans le réel de la vie agricole, si le pasteur prend soin de ses brebis, c’est quand même le plus souvent in fine pour les conduire à l’abattoir. Le bon pasteur lui « leur donne la vie éternelle » parce que paradoxalement il a pris la place de l’agneau conduit à l’abattoir. Le seul vrai pasteur est celui qui « donne sa vie pour [ses] brebis » (10,15).