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Le blog de Bruno LACHNITT

Année A 26ème ordinaire : Ezéchiel 18, 25-28 ; Matthieu 21, 28-32

2 Octobre 2017 , Rédigé par Bruno LACHNITT Publié dans #Homélies, #homelies

Dans la première lecture du prophète Ezéchiel, nous avons deux situations paradoxales : le juste qui « se détourne de sa justice » et le méchant qui « se détourne de sa méchanceté » et chacun, nous dit le prophète, est jugé selon ce choix ultime : le premier mourra, le second vivra ! Et nous pouvons nous demander : à quoi bon avoir été juste et fidèle toute sa vie, si finalement au bout du compte cela ne pèse pas au jour du jugement au regard d’un ultime revirement ? Je propose de garder cette question en réserve, peut-être l’évangile viendra-t-il nous éclairer ? Mais nous pouvons déjà prendre note de ce que nous dit la situation du méchant qui se convertit : il vivra. C’est une bonne nouvelle, mais une bonne nouvelle qui nous dérange souvent dans nos jugements et cela nous donne une première indication sur le pardon : cette page d’Ezéchiel est une bonne nouvelle parce qu’elle nous dit que Dieu laisse la porte ouverte, il laisse toujours un chemin ouvert, il ne nous enferme pas dans notre passé. Nous, nous fonctionnons souvent autrement : « qui a bu boira », « celui-là il n’y a rien à en tirer », « quand tu connais sa famille, il n’y a rien à attendre de lui » …, et la justice des hommes est souvent répétitive, elle juge trop souvent les prévenus sur leur casier que sur les seuls actes qu’ils ont commis. Nous avons une fâcheuse tendance à coller une étiquette sur les gens, à les enfermer dans une boite sans leur ouvrir d’avenir autre que répétitif de ce passé auquel nous les réduisons. Dieu n’est pas comme cela, il attend, il espère, que nous nous retournions vers lui, il croit en notre capacité de le faire, il ne renonce jamais.

Mais la conversion est suscitée par le regard qui dit la confiance et c’est bien ce que nous voyons de la part de Jésus tout au long de l’évangile. Ses propos, ses gestes, son regard appellent le changement et ce sont précisément celles et ceux qui sont enfermés par les responsables religieux sous cette étiquette de pécheurs, de publicains, qui y sont le plus sensibles, qui en sont le plus retournés. Et en regard du couple paradoxal de la première lecture (le juste qui se détourne de sa justice et le méchant qui se détourne de sa méchanceté) nous avons une autre opposition dans l’évangile, d’un côté les grands prêtres et les anciens du peuple auxquels Jésus s’adresse, et de l’autre les publicains et les prostituées, et ils semblent fonctionner de la même manière que chez Ezéchiel si l’on en croit Jésus : les premiers qui sont des gens biens, des justes, nous sont présentés comme à côté de la plaque et les seconds les précèderont dans le Royaume des cieux parce qu’ils ont crus à la parole de Jean le Baptiste qui est venu sur le chemin de la justice. C’est d’ailleurs ce que dimanche après dimanche nous entendons raconter à chaque page d’évangile à propos de Jésus : les publicains et les pécheurs viennent à lui pour l’écouter et les pharisiens et les scribes récriminent mais Jésus leur dit : « Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » Nous pouvons alors peut-être mieux comprendre la vanité de cette justice qui ne conduit qu’à se détourner de la justice de Dieu et faire grise mine alors qu’il y a plus de joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. Il est alors préférable pour les justes de se réjouir avec les anges de Dieu, sans quoi leur justice risque bien d’apparaître illusoire. Revendiquer sa propre justice contre la miséricorde de Dieu c’est se mettre en mauvaise posture. Alors entre ces figures paradoxales il y a la parabole des deux fils. A chacun de voir quelle position il occupe et il est toujours temps de se retourner pour ouvrir à l’autre un chemin au lieu de lui coller une étiquette indélébile, toujours temps de se laisser toucher par la miséricorde plutôt que se retrancher derrière de prétendus mérites qui nous rendent imperméables à la grâce. Alors nous pourrons nous réjouir avec les anges que des prostituées et des collabos corrompus nous précèdent dans le Royaume de Dieu !

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