Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Bruno LACHNITT

Année C 14ème ordinaire: Is 66, 10-14 ; Ps 65, 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20 ; Ga 6, 14-18 ; Lc 10, 1-12.17-20

8 Juillet 2013 , Rédigé par Bruno LACHNITT

La prophétie d'Isaïe entendue en première lecture nous interpelle. En effet, s'il est un lieu aujourd'hui où la paix ne coule pas comme un fleuve, c'est bien Jérusalem.

Jérusalem vient d'une racine chaldéenne qui a donné salaam en arabe et shalom en hébreu, deux mots qui signifient la paix dans deux langues entre lesquelles elle est particulièrement difficile. Mais le sens originel de cette racine chaldéenne est la complétude, l'achèvement. La paix et Jérusalem ont donc quelque chose à voir avec ce sens originel ce qui m'évoque un chant liturgique écrit par les moines de l'abbaye de Tamié : "amour qui nous attends au terme de l'histoire, ton royaume s'ébauche à l'ombre de la croix. Déjà sa lumière traverse nos vies. Jésus, Seigneur, hâte le temps, reviens, achève ton œuvre."

Si l'accomplissement qu'évoque Jérusalem conduit ailleurs Paul à parler de la Jérusalem céleste, la Foi et la théologie ne sont pas un tour de passe-passe ni une escroquerie intellectuelle. Nous ne pouvons comprendre la prophétie d'Isaïe qu'à travers le texte de Paul que nous venons d’entendre : "la croix de notre Seigneur Jésus-Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi, pour le monde." C'est précisément ce que nous dit le chant de Tamié : si le Seigneur est cet amour qui nous attend au terme de l'histoire, son royaume s'ébauche à l'ombre de la croix et sa lumière traverse nos vies pour autant que comme Paul nous nous tenons en ce lieu de la croix, le seul où nous pouvons sans illusion porter l'espérance qui nous vient des prophètes de l'Ancien Testament.

Les versets du chant de Tamié sont tirés des lettres de Paul: "jusqu'à ce jour, nous le savons, la création gémit en travail d'enfantement. Nous attendons les cieux nouveaux, la terre nouvelle où régnera la justice."

Il s'agit donc d'être dans l'attente d'un accomplissement en nous tenant au lieu de la croix au cœur d'un monde en enfantement. Cela peut-il éclairer le texte d'évangile que nous venons d'entendre ? "La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux". S'il ne s'agissait que de trouver des prosélytes pour faire de nouveaux adeptes, nous ne serions pas là pour en parler. Non, il s'agit d'annoncer la proximité du règne de Dieu. Et l'envoi "comme des agneaux au milieu des loups" fait le lien avec ce que nous venons de voir : on s'attend à ce qu'ils se fassent manger tout cru. Or ils reviennent tout joyeux, stupéfaits de ce que même les esprits mauvais leur sont soumis au nom de Jésus. Mais lui tempère leur enthousiasme en recentrant leur joie sur l'essentiel : "réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux".

Un lecteur attentif de l'évangile reconnaîtra ici une allusion à la dernière béatitude : "heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous repoussent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable à cause du Fils de l'homme. Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans le ciel : c'est ainsi que leurs père traitaient les prophètes".

Ce lien avec les béatitudes éclaire alors la résonance entre ces trois lectures : deux béatitudes seulement sont au présent : la première et la dernière. La première "heureux, vous les pauvres : le royaume des cieux est à vous". Chez Luc pas d’allusion à la pauvreté en esprit. Les pauvres sont destinataires du Royaume. Cela nous éclaire sur la moisson : l'annonce de la proximité du Royaume les vise directement. La moisson est abondante les désigne donc en premier lieu. Après l'expérience que nous venons de faire en Église avec diaconia, puissions-nous ne pas l'oublier trop vite.

Quant à la dernière, que je viens de rappeler, elle fait écho à l'envoi "comme des agneaux au milieu des loups". L'apparent succès de la mission des soixante-douze disciples ne doit pas nous tromper : la contradiction violente reste à l'horizon de l'annonce de la venue du règne de Dieu. Mais elle ne saurait en empêcher l'accomplissement car c'est précisément l'agneau de Dieu qui vient à bout de la violence. L'oraison de jour prononcée tout à l’heure nous met sur la voie : "Dieu qui as relevé le monde par les abaissements de ton Fils, donne à tes fidèles une joie sainte : tu les as tirés de l'esclavage du péché ; fais leur connaître le bonheur impérissable". Que ces deux béatitudes nous mettent dans la joie sur le chemin du bonheur impérissable.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article