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Le blog de Bruno LACHNITT

Rencontre régionale PACA samedi 11 septembre 2021

26 Septembre 2021 , Rédigé par Bruno LACHNITT

Les textes de ce jour tombent plutôt pas mal pour une rencontre d’aumôniers de prison : « le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, je suis le premier des pécheurs ». Une chose est sûre : dans la bouche de Paul, ce n’est pas une coquetterie ! Il ne faudrait pas que ça le soit dans la nôtre. Interrogé au début de son pontificat par un média italien qui lui demandait qui il était, François répondait : « je suis un pécheur pardonné ! » Ce n’était pas une coquetterie non plus, et il en même fait sa devise : « choisi parce que pardonné ». C’est pour nous une interpellation comme aumôniers : cette conviction est-elle profondément ancrée en nous ? Quels tristes aumôniers serions-nous si nous sortions de détention le soir en disant comme le pharisien de la parabole : « je te rends grâce, Seigneur, parce que je ne suis pas comme ces personnes que j’ai rencontrées aujourd’hui : violeur, assassin, escroc, voleur … » ? Impensable ? Sans doute, mais nous ne sommes jamais complètement exempt du risque qu’une petite voix maligne vienne nous susurrer à l’oreille une musique de ce genre… « Aumôniers catholiques, sur des chemins de fraternité », c’était le chemin de notre dernier congrès il y a trois ans et il nous faut toujours revenir à ce point d’ancrage qu’est notre commune humanité, nous attacher à ce qui nous réunit plus qu’à ce qui nous sépare et le plus fondamental théologiquement de ce qui nous réunit, c’est cette commune condition de pécheur pardonné. Et plus notre conscience s’affine, plus notre péché nous saute aux yeux…
La lecture de cette page d’évangile peut nous prendre en défaut si nous imaginons un instant être du côté du juste, de « l’homme bon » qui « tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ». D’ailleurs Jésus lui-même dans ce même évangile de Luc au chapitre 18, à celui qui l’interpelle en l’appelant « bon maître » rétorque : « pourquoi dire que je suis bon, personne n’est bon, sinon Dieu seul ! » Et cette bonté de Dieu dont nous pouvons humblement espérer qu’elle puisse passer un peu à travers nous, c’est d’abord la miséricorde : ne pas juger. « Vous, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait, lui qui fait briller son soleil sur les bons et sur les méchants, pleuvoir sur les justes et sur les injustes ». L’amour de Dieu est inconditionnel, ne répond à aucun mérite, n’est pas la récompense d’une pratique que nous jugerions convenable. Un petit détour par la lettre de Jacques peut nous aider à entendre l’invitation à mettre la Parole en pratique autrement que dans une logique légaliste ou comptable mais comme appel à donner chair à la confiance, à discerner le lieu de la Foi dans nos vies.
Il y a quelque parenté entre ce passage de l’évangile et l’épître de Jacques qui reprend au chapitre 3 cette image de l’arbre et des fruits et aussi cette question de ce qui sort de la bouche qui, dit-il, est faite pour bénir. Mais surtout au chapitre premier, il écrit : « Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion ». Et au chapitre 2, il précise : « la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte ». On pourrait être tenté de penser que la Foi vivifie les œuvres, que les œuvres sans la Foi seraient mortes. Jacques dit précisément l’inverse, car la Foi, ce n’est pas des « croyances », mais un acte de confiance qui se joue dans la chair, dont il nous appartient de discerner le lieu dans nos vies. Où se joue aujourd’hui pour moi la confiance en plus grand que moi ? Elle ne se joue pas ailleurs que dans le concret d’une vie risquée dans le don et la miséricorde dans le sillage de celle qui a bouleversé ma vie : « s’il m’a été fait miséricorde, c’est afin qu’en moi le premier, le Christ Jésus montre toute sa patience, pour donner un exemple à ceux qui devaient croire en lui » écrit Paul dans le texte que nous avons entendu tout à l’heure. La confiance appelle la confiance et c’est toujours le Père qui est à l’origine de la confiance où il nous entraîne dans le Christ. C’est ce que nous allons célébrer maintenant dans l’action de grâce, dans l’espérance que nos vies fassent signe vers Celui « est venu dans le monde pour sauver les pécheurs » que nous sommes.

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