Homélie pour le baptême d'Abdel-Jésus lors de la veillée pascale à Mazille

Mon frère Abdel, nous célébrons ce soir l’événement qui nous révèle que le consentement à perdre sa vie ouvre sur LA VIE. En Jésus, l’extrême de l’amour par le don de sa vie accomplit la promesse d’une fraternité jusqu’alors impossible. Pâque signifie passage. Dieu ouvre un passage là où il n’y a qu’impasse à nos yeux. Ce plongeon dans les profondeurs ouvre devant nous un chemin : baptême vient d’un mot grec qui veut dire plongeon. Le Christ est passé par la mort, il a fait le grand plongeon et remonte avec nous derrière Lui. Il y a quelques semaines, tu me parlais du baptême que tu vas recevoir en me disant que c’était devenir un homme nouveau. Quel est cet homme nouveau que nous sommes appelés à devenir ? 
Nous avons entendu dans la lecture de la Genèse tout à l’heure : « Dieu dit… et Dieu vit que cela était bon ! ». Ce monde est le fruit d’un amour inconditionnel. C’est parce que l’Amour est premier qu’il est aussi à la fin. Alpha et oméga, première et dernière lettre de l’alphabet grec inscrites sur ce cierge pascal : le Verbe de Vie par lequel tout fut créé est aussi Celui qui nous attend au terme de l’histoire. Et tous, baptisés ou pas, nous avons été créés à l’image de cet Amour inconditionnel. 
Mais devenir chrétien, c’est choisir le risque de la confiance sur parole plutôt que la fausse assurance des croyances. Et la Parole qui fonde notre confiance, c’est Jésus-Christ. C’est lui qui nous révèle le visage de Dieu, de Celui qu’il appelait son Père. Par le baptême, Abdel, créé à l’image de Dieu, tu deviens Abdel-Jésus, serviteur de Jésus-Christ. Serviteur de Jésus, ce n’est pas rien, c’est mettre tes pas dans les siens, être en tenue de service, comme lui, parce qu’il a dit : « le serviteur n’est pas plus grand que son maître ». 
Mais Jésus nous dit aussi dans l’évangile de Jean : « je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ». Abdel, tu es déjà devenu ami de Jésus depuis que tu chemines vers le baptême, et c’est sans doute parce que tu es déjà peu à peu devenu ami de Jésus, que tu désires maintenant devenir Abdel-Jésus. Le chemin n’est pas fini, il commence, comme pour chacun de nous. L’homme nouveau, c’est aussi celui du combat spirituel qui est notre lot à tous. Nous sommes appelés à être témoins de Pâques et cela se joue d’abord dans notre capacité à être témoins de cette confiance sur Parole. La confiance en Dieu peut n’être qu’une douce illusion si elle ne se vit concrètement dans la confiance en la vie, en l’autre, en l’à-venir, et je dis bien à – venir en deux mots, car il s’agit d’avoir confiance qu’il est porteur de la promesse d’une rencontre, l’à-venir c’est Celui qui vient vers nous. Alors, dans cette triple confiance en actes, si l’Amour inconditionnel qui nous fonde peut être reconnu à l’œuvre à travers nous, nous serons témoins du Ressuscité !