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Le blog de Bruno LACHNITT

Pour que l’Eglise contribue à un traitement humain des Rroms sur l’agglomération lyonnaise

10 Octobre 2011 , Rédigé par Bruno LACHNITT Publié dans #Tribune

Tout d’abord il ne s’agit pas dans ce propos d’être angélique ou rêveur, d'ignorer la part de trafic et de délinquance liée à une partie de la population Roms en provenance d’Europe de l’Est ou l’exploitation qui en est faite par des réseaux qui contribuent à leur arrivée. Pour autant, l’amalgame qui jette l’opprobre sur ce peuple est inacceptable aujourd’hui et contribue par le pourrissement de la situation à augmenter l’exaspération du reste de la population, au risque d’entendre de plus en plus exprimer que « ces gens-là ne sont pas comme nous » et de finir par considérer comme acceptable pour eux des traitements jugés pour nous inhumains et dégradants. Il est intolérable de voir traiter de façon indifférenciée des familles qui ont la volonté de s’intégrer et dont les enfants sont scolarisés et d’autres dont les comportements enfreignent la Loi, et que dans le même temps, l’autorité qui expulse hors des squats ou des bidonvilles des familles avec des enfants les condamnant à l’errance avec le concours des polices municipales, refuse de réunir autour de la table ceux qui pourraient contribuer à des bouts de solutions pour des familles en voie d’intégration.

Confrontés à cette réalité, des chrétiens, des paroisses, prennent leur part de ce problème en accueillant des familles dans un presbytère, sous une église… D’autres sont investis dans les associations qui les soutiennent au quotidien, pour permettre la scolarisation des enfants notamment.

Si l’autorité publique se refuse obstinément à organiser une réunion tout en reconnaissant en coulisses à l’Eglise sa légitimité à soutenir les personnes comme elle le fait, on reste dans des jeux de rôle qui évitent soigneusement tout ce qui pourrait faire avancer un peu les choses de façon raisonnée. Ailleurs pourtant, en Seine St Denis et à Lille notamment,  des expériences ont été tentées qui ont produit des résultats (voir http://www.france-terre-asile.org/toute-lactualite-choisie/item/4516). Car au-delà de la question réglementaire qui n’est certes pas facile, mais que la perspective prochaine de la fin de la période transitoire concernant les citoyens des pays récemment entrés dans l’Union incite à traiter autrement que sous le seul aspect répressif au regard du droit au séjour, il reste qu’un certain nombre sont là depuis assez longtemps et manifestent suffisamment la volonté de s’intégrer pour qu’on leur en donne tant soit peu l’occasion. Car si « la politique est la forme la plus élevée de la charité », il ne faut pas que les actes de charité servent d’alibi ou de paravent à l’absence de volonté politique de traiter correctement les problèmes, mais au contraire qu’ils s’articulent avec l’exigence d’une politique qui soit l’exercice de la charité. C’est à cette condition que les actes posés par des chrétiens ou des paroisses peuvent avoir un sens : s’ils servent de levier pour susciter des solutions là où elles doivent être proposées, pour contribuer à réunir les acteurs concernés afin que l’autorité publique dont on ne peut tout attendre et qui n’a certes pas les moyens de tout résoudre, sache au moins ne pas décourager les initiatives associatives ou privées qui peuvent émerger, puisse même les susciter, les coordonner, les accompagner. L’autorité de l’Eglise pourrait le rappeler à l’autorité politique quand celle-ci lui reconnaît la légitimité de l’exercice de la charité, en lui demandant en retour de lui reconnaître la légitimité de l’application de la Loi. Certes, nul ne saurait contester - et surtout pas l’Eglise -  la légitimité du pouvoir politique dans l’application de la Loi. Pour autant le dialogue ne peut se réduire à entendre « vous faites votre boulot, laissez-moi faire le mien » et il est aussi légitime dans le respect des formes que l’Eglise exprime à partir de sa compétence une certaine exigence quant à la manière d’exercer le pouvoir politique au service de la justice.

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